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Cela t'inspire quoi ?

Cinq textes, cinq points de vue, cinq imaginations différentes.

A partir de la même série de photos, cinq autrices et auteurs ont posé leur regard.

De ces photos ils en ont donné leur libre interprétation sans concertation, guidé par leur inspiration.

C’est cette diversité que nous souhaitons mettre en avant, diversité de l’imaginaire par nature propre à chacun.

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Participants

Jean-Côme est le photographe de cette série de photos. Il développe ses nombreux talents dans la photo, la peinture, l'écriture, la création graphique en tout genre.
Insta : au_gnomonde / Youtube : Le Gnome en Vadrouille


Raquel est l’autrice de la nouvelle « Le hasard fait-il bien les choses ? ». Elle est passionnée d’art, de musique, de voyages, de lego (à ses heures perdues) de lecture et d’écriture. Elle est l’autrice d’une série de roman « 31 jours », « 32 jours » et « 33 jours » parues aux éditions BMR
Insta : raquelhab.auteur

Kentu est l’auteur de la nouvelle « Apathie Parigote ». Il est fan de littérature classique et de films d’horreurs et vient d’écrire son premier roman à 36 ans. Il attend maintenant un éditeur magnanime pour le faire découvrir au grand public !


Claudia est l’auteur de la nouvelle « D’eux » et est coach en estime de soi et relations amoureuses. Elle est co-fondatrice du Self Love Project au travers duquel elle souhaite pousser chacun et chacune à s'interroger sur sa vision de l'amour, pour construire la vie sentimentale qui lui ressemble.
Insta : Selfloveprojectfr

Iris est l'autrice de la nouvelle « Une soirée ». Elle a également écrit et publié le roman « Les lavandes ne fleurissent pas en Alaska » aux éditions Sydney Laurent.
Insta : Irischapuis

Sarah est l’autrice de la nouvelle « à Fleur ». Elle boit du café au café le matin, un verre au bistrot le soir. Entre les deux elle peut faire un dessin et gribouiller deux ou trois mots.
Insta : sarah.larguier


Anaïs est modèle sur la série de photo. On la connait davantage dans le secteur du théâtre et de la chanson où elle a fait ses armes scéniques. Depuis elle s’engage dans l’accompagnement d’artistes.
Youtube : Compagnie Boréel

Louis est à l’initiative de l’exposition et est modèle sur la série de photo. Expert en rien mais curieux de tout, il espère simplement que le projet vous plaira 😊
Insta : Louis_Travels_

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Apathie Parigote

Cela fait maintenant dix ans que je vis seule à Paris. Je n’ai plus beaucoup de souvenirs de ma vie d’avant, en province. Je crois que ça fait de moi une vraie parisienne. En dehors de mon travail, je ne croise pratiquement personne. Mon métier me fatigue beaucoup et ne me rapporte pas grand-chose. Le soir, quand je rentre, j’imagine mes collègues féminines. Elles ont toutes quelqu’un qui les attend, leur fait la bouffe et s’occupe d’elles. Leur petit plaisir ? Une série Netflix à deux ou un câlin si monsieur est d’humeur.


Le week-end, s’il fait beau, on se balade sur l’île Saint-Louis, on boit un café à Saint-Germain. Je me plains du boulot, et Lui, il m’écoute. Mon responsable est une espèce d’ordure de type pervers narcissique. Je suis en boucle sur le sujet. Je veux quitter ce job. Il me soutient, mon mec. Il me comprend, mon mec. Moi, je suis incapable de faire quoi que ce soit. J’ai besoin de ce job. Bientôt… Je prendrai mon courage à deux mains et je plaquerai tout.


Il y a tant de choses à faire ici, à Paris. Tant de choses à faire, à deux. Théâtre, cinéma, expositions, concerts, restaurants. Quand j’ai du temps libre, je reste enfermée chez moi. Je suis bien au lit devant mon ordi. Des trucs cools à faire, y a que ça : sur le bonbon ou sur timeout, tout me donne envie. A force de défiler ces programmes pendant des heures, mes yeux rougissent. La lumière bleue m’a rendue insomniaque. Heureusement, ma sœur est psychiatre et me prescrit du Zoloft et du Stilnox, ça m’aide plutôt bien.


L’an prochain, on va sûrement emménager ensemble. Je l’aime tellement. Et il n’aime que moi, j’en suis convaincue. Il prendra toujours soin de moi, on quittera Paris, on s’installera à la campagne. J’ai toujours voulu avoir un potager rien qu’à moi. Même s’il n’est pas toujours là, je sens sa présence. C’est lui qui me sauvera, ma psy me l’a dit. Je le cherche toujours. Ou es-tu ? Bientôt… Tu seras auprès de moi, pour toujours.

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D’eux

Arpentant les ruelles pavées, le chant de leurs talons accompagnant chacun de leurs pas ; ils s’ouvraient à la vie avec avidité. Une rencontre amorcée à la lumière bleutée d’un écran, déversant, slides après slides, des informations trop souvent absurdes. Furtivement, des doigts qui s’effleurent. Doucement, des genoux qui se touchent. Chaque contact électrise leurs êtres, et ravive des sensations longtemps oubliées.


Bourdonnement incessant. Celui de leurs cœurs, qui, se voyant enfin, entre en collision. La vibration intense, aussi forte que lorsque l’on se cogne la tête contre un mur. Ça résonne. Ça tire. Négociation de deux individualités qui tentent de s’apprivoiser. Et la vie se pare de mille couleurs. Rougeoiement éclatant. Vert profond. Jaune pétillant. Chaque émotion semble prendre forme et s’incarner.


Caresse du quotidien, qui pourtant parfois, amoche. Voir amochit, si le flow de la routine ne se transforme pas en rituel, si la vaisselle qui s’entasse ne devient pas un nouveau territoire à conquérir. Et la lumière bleutée de l’écran, tel le fil rouge d’une histoire qui peine à survivre ; inonde chaque soirée. Ce qui un jour rassembla, devient source d’errance.


Dangereuse amertume. De celle qui s’installe peu à peu. Qu’on n’ose pas dire, qu’on préfère taire. Qui brûle de l‘intérieur chaque fibre d’un amour qu'on croyait pourtant solide. On tente de la déguiser, par des sorties, par des rires. Mais aucun sourire ne parvient à amoindrir sa force. Dans le silence qui s’installe, la distance grandit. Parfois, une conversation arrive, et perce la baudruche. Elle répand sa rivière d’incompréhensions, de critiques et de frustrations, qui s’évapore alors doucement. Et trop souvent, celle-ci se remplit à nouveau. De mots qui claquent, de mots qui piquent. Jusqu'à écœurement.


Étincelle perdue. Celle qu’on cherchait avidement n’est plus. On regarde à gauche, à droite, dans l’espoir de la faire apparaître à nouveau. De sentir ce pétillement, cet envol. Oubliant qu’il ne suffit pas d’y penser pour qu’elle renaisse. Fantomatique espérance, qui fige chacun d’un côté du pont effondré. Se défiant du regard, pour camoufler la peine qui enfle. Il faudrait plonger, cœur en avant, pour espérer retisser le lien. Mais chacun attend de l’autre un signe, qu’il ne saura voir, trop absorbé par la contemplation de son gouffre intérieur.


Finalité suspendue. Les mots se bloquent. Le doute étreint. Le bruit métallique de clés qu’on dépose sur la table, un peu trop fort. Sursaut. Soubresaut des cœurs qui s’appellent sans plus se trouver. Vêtus de noir, c’est comme s’ils avaient su. Le deuil, l’absence. Une main qui caresse l’arrière d'un crâne, pour y retenir les souvenirs, le tourbillon des couleurs, la folie oubliée de ces deux âmes tremblantes. Les doigts s’effleurent à nouveau, mais les genoux s’évitent. Trop intime déjà.


Gâchis sublime.

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Le hasard fait-il bien les choses ?

Leur rencontre aurait dû être le fruit du hasard. Tandis qu’il se tenait au croisement de cette rue sans âme, il savait qu’elle allait arriver. On venait de lui confirmer au téléphone qu’elle se dirigeait droit sur lui. Alors qu’elle marchait, perdue dans ses pensées, il la heurta assez brutalement. Leurs têtes s’entrechoquaient sur le coup. Ce qui aurait dû partir en insultes de rue, se transforma en éclat de rire.

  • Je suis vraiment désolé, vous allez bien Mademoiselle ?

  • Oui, je crois.

Afin de s’assurer qu’elle aille bien, il lui proposa d’aller prendre un café. Étrange proposition mais pourquoi pas ? C’était plutôt osé, mais après tout, le hasard fait parfois bien les choses. Ils trouvèrent un endroit assez animé et commencèrent à échanger sur une terrasse ensoleillée. Et plutôt longuement.

  • Nan mais tu te rends compte, les baleines de Bornéo ont besoin de nous, c’est l’extinction assurée si on n’agit pas tout de suite.

Il ne devait y en avoir que deux à sauver à tout casser. 

  • Absolument ! On doit pouvoir faire quelque chose à ce sujet, lui avait-il répondu très concerné.

Il n’en avait que faire. Elle était surprise qu’enfin quelqu’un adhère réellement à ce sauvetage. Ses proches l’avaient trouvé un peu extrême, voir révolutionnaire, dans le mauvais sens du terme. Bornéo… y’avait vraiment des baleines là-bas ? Afin de le remercier et se sentant enfin comprise, elle décida de lui offrir une plante. Elle était herbivore à ces heures perdues et affectionnaient toutes les plantes.

  • Fais-moi découvrir ta passion, lui proposa-t-il.

Était-il trop parfait pour être vrai ? Alors qu’elle l’emmenait chez son fleuriste et botaniste préféré, elle lui expliqua toutes les variétés de plantes qui existaient. Il allait finir par se flinguer mais il devait rester concentré. Il se mit presque à rire de nervosité tellement elle était absurde. Elle lui offrit un ficus lyrata et il feinta la gentillesse de son geste. La longue escapade était enfin terminée.

  • Merci de me comprendre sur mon projet, je dois juste trouver quelqu’un capable de retranscrire mes idées. Je ne sais pas bien m’exprimer.

  • Ah oui ? Ça tombe bien alors, mon métier c’est correcteur, j’ai d’ailleurs écrit plusieurs essais.

  • Ah ouais ?

  • Oui, le hasard fait bien les choses.

  • C’est clair.

  • On pourrait retravailler ton projet ensemble chez moi, comme ça tu me diras si ma plante est bien exposée sud-ouest et à la bonne hauteur pour la lumière ? Je n’aimerais pas que le taux d’humidité perturbe ma plante.

  • Avec plaisir. Quand ?


2 Jours plus tard, elle alla chez lui. Ils échangèrent longuement sur le sujet, lui en position du lotus, elle allongée. Apparemment, lui avait-il dit, c’était pour rassembler les énergies. Elle ne connaissait pas cette technique. Puis, ils travaillèrent leur plan pour refaire le monde. Elle était si heureuse ! Enfin un homme compréhensif et qui aime les plantes comme elle. Il lui avait carrément proposé de faire une semaine de stage immersif au milieu d’une forêt pour être en communion avec la nature.

  • Quelle excellente idée !

Alors que la soirée touchait à sa fin, il la laissa en plan, prétextant qu’il devait faire la vaisselle. Mais tellement avide de discuter de ses autres passions, notamment les brosses à cheveux, elle alla discrètement le retrouver avant de se figer. Des bribes de conversations venaient de s’immiscer dans ses oreilles mais surtout des mots. « Cible », « Mission », « 48heures », « Forêt ». À qui parlait-il ? Il avait des écouteurs Bluetooth ?

Ces mots lui firent tout d’un coup très peur. Cette rencontre était-elle vraiment le fruit du hasard ?

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Une soirée

Une soirée, une photo, une idée, c’est comme ça que l’aventure a commencé.


15 septembre, je rejoins Marie chez elle qui vient de rentrer du Portugal. Bronzée et souriante, elle m’ouvre la porte d’un geste spontané. Comme chaque année, la capitale se vide durant le mois d’août. Alors qu’elle part chercher du vin, je me dirige vers son canapé pour l’attendre et vois cette image figée sur son ordinateur qui me provoque un sentiment étrange.


Face à la mer, on devine que la photographe a voulu capturer le dernier rayon de soleil de la journée. Prise une seconde trop tard, il est à peine visible, rendant les couleurs froides et humides des fins d’été. On y voit aussi, une partie en granit marron et le relief d’un immense rocher à contre-jour qui coupe l’horizon. L’ombre de ce paysage qui se veut idyllique ne me donne pas envie d’y être, me renvoyant à cette nostalgie de fin de vacances qui plonge l’effervescence des lieux fréquentés en un calme de retraité.


  • Là, c’était dans une calanque, un moment hors du temps ! On y avait passé la journée à se baigner en plein cagnard et au moment du coucher de soleil, cette couleur orangée éclairait la mer, ça m’a subjuguée. Avec la musique du bar, derrière, on se serait cru dans un film ! Me dit-elle l’ordinateur sur les genoux et le sourire aux lèvres qui me prouve le bonheur qu’elle a de revivre intérieurement cette scène.


Sans attendre, elle continue de faire défiler son album et me raconte son expérience d’être partie seule à l’aventure. La discussion divergent et comme toujours, s’étend jusqu’à tard dans la nuit.

En rentrant, je repense à cette photo et m’interroge. Comment d’une personne à une autre, une photo peut avoir plusieurs interprétations ? Les souvenirs de chacun, conditionnent-ils la façon dont on perçoit une image ? Le projet vient de naître, je veux réunir des gens autour de clichés et comprendre ce qu’ils y voient. J’envoie un message à Marie « rendez-vous demain, rue Montorgueil à 11 h ».


Au début sceptique, je fais preuve d’une argumentation sans faille pour qu’elle accepte de se lancer avec moi dans l’organisation de ce projet. Les mois et les coups de fil s’enchaînent, les rendez-vous n’arrêtent pas, mais ce soir, tout se concrétise.


Le photographe expose dans ce restaurant et les auteurs sont là pour nous partager leur sensibilité.

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à Fleur

Rendez-vous au coin de la rue. Elle est en retard, comme d'habitude. Ça le fout en boule, comme d'habitude. Il y a des choses qui ne changent pas. Il essaie de se calmer. Elle va arriver bientôt il se dit. Il se persuade. Au bout de cinq minutes il a déjà oublié de garder le calme, elle arrive, il gueule. Elle lève les yeux au ciel, oh ça va ! et ça l'énerve encore plus. Cinq minutes de plus pour redescendre. Il finit par lui proposer d'aller boire un café. Il faut toujours commencer par un café au café.


Dehors le soleil est encore là, elle se laisse tomber sur une chaise en terrasse. Le trajet m'a tué ! Elle vient de loin, elle a rien suivi à rien, elle s'étale avec son sac sur la table, son sourire et blablate de conneries qui n'en finissent pas. Il dit rien. La moutarde monte dedans. Comme d'habitude. Elle rit, le soleil en terrasse, en évitant soigneusement le sujet. À lui ça lui tape sur les nerfs le soleil. Faut pas qu'il reste assis trop longtemps il va piquer une attaque, c'est sûr. Il regarde partout, il est où ce putain de serveur. Ah ! Le voilà qui arrive enfin, il règle les cafés. Il la presse, il veut rentrer chez lui. C'est elle qui fait la tête maintenant, elle se vexe. T'as rien écouté à ce que j'ai dit en fait. Non il a rien écouté. Elle se pointe là après des lustres comme une fleur avec la lumière, elle prend sa douche chez lui tranquille, elle s'est jamais souciée de rien. Pendant que lui il restait à s'occuper de tout et qu'il faisait les trajets pour la voir. Jamais elle est venue l'aider.


Elle sort toute fraîche de la salle de bain en chantant. Il faut choisir les fleurs ! qu'elle dit. Oui il faut choisir les fleurs. Quand ils étaient gosses ils traînaient tout le temps au marché aux fleurs. C'était leur truc à eux. Ça faisait tellement longtemps qu'elle était pas venue. Sur le chemin elle lui prend le bras. Il se retient de pleurer. C'est les nerfs. Alex, je sais que c'est dur. Mais tu es libre à présent. Pense à toi. C'est facile pour elle de parler comme ça. Elle qui est loin de tout, elle qui a fuit les temps difficiles.


C'est elle qui parle et qui choisit les fleurs. C'est toujours elle qui parle et qui choisit. Elle dit au vendeur, des fleurs pour une vielle dame méchante et acariâtre. Il rit. Elle a réussit à le faire rire. Faut bien dédramatiser, c'est vraiment pour une vieille dame méchante et acariâtre, il le sait bien.

Ils marchent dans les rues en faisant tous les détours possibles pour rallonger la promenade, bras dessus bras dessous. Il se détend. Il ira avec elle récupérer la commande demain.


En rentrant elle se love direct dans sa couverture. Elle a jamais été le genre gênée, surtout avec lui. Il avait toujours aimée ça chez elle. Je suis là maintenant, elle dit. J'ai pas été là pour elle, j'ai pas pu, j'ai pas voulu mais aujourd'hui je suis là. Je suis là avec toi.

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Merci à toutes & à tous !

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Jean-Côme est le photographe de cette série. Il développe ses nombreux talents dans la photo, la peinture, l'écriture, la création...

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